Ce 9 septembre 2025, la Cité et son partenaire France Télévisions, avec le soutien de Polynésie La 1ère, donnaient le coup d’envoi du Campus du scénario, à l’Université de la Polynésie française. Au programme pour les 36 étudiants participants : un semestre de formation à l’écriture scénaristique et l’opportunité de pitcher devant les producteurs de France Télévisions !
Chaque année, la Cité met en œuvre des actions culturelles et pédagogiques pour sensibiliser les étudiants au métier de scénariste et à la création audiovisuelle. Dans le cadre de son partenariat avec France Télévisions, en lien avec le Pôle Outre-mer et Polynésie La 1ère, la Cité a proposé à l’Université de la Polynésie française (UPF), une version longue de son action “Campus du scénario”, habituellement organisée dans les universités de l’Hexagone.
Entre septembre 2025 et janvier 2026, ce sont 36 étudiants volontaires de l’UPF, d’âges et de spécialisations variés – lettres, mais aussi droit, mathématiques et sciences du vivant – qui seront formés à l’écriture scénaristique. Répartis en six groupes de six, ils travailleront les trois compétences-clés du métier de scénariste – trouver son idée, écrire et réécrire, et vendre son projet – à travers l’écriture d’un pitch de série, qu’ils présenteront aux producteurs de France Télévisions, le 20 janvier 2026. Conçue pour s’adapter aux contraintes horaires de l’Hexagone et du territoire polynésien, la formation, d’une durée de 30 heures, s’appuiera sur un équilibre entre e-learning autonome et cours en distanciel, dispensés par le scénariste et consultant Jérôme Le Mest.
A l’occasion du lancement du Campus du scénario à l’UPF le 9 septembre 2025, nous avons interrogé Hélène Saillon, directrice Fiction du Pôle Outre-mer de France Télévisions, Audrey Gilles, enseignante en lettres à l’UPF et référente du programme sur place et Pauline Rocafull, déléguée générale de la Cité européenne des scénaristes.
Comment est né le projet « Campus du scénario » en Polynésie française ?
Pauline Rocafull : le Campus du scénario vient d’une double envie : celle de France Télévisions, qui souhaite former des talents ultramarins au scénario afin de développer sa fiction ultramarine, et celle de la Cité, qui veut continuer à servir sa mission, à savoir de contribuer à renouveler les talents partout sur le territoire, et pas seulement dans l’Hexagone. En s’adressant en premier à l’Université de la Polynésie française, nous nous sommes fixé un des défis les plus importants que la Cité ait connus : réussir à former, dans une économie de moyens, des étudiants, avec 11 heures de décalage horaire.
Pourquoi était-ce important pour la Cité de s’adresser au public étudiant polynésien ?
Pauline Rocafull : Parce que la Cité porte cette conviction forte, partagée avec France Télévisions, que les récits se trouvent partout, et les talents capables de les écrire aussi. Or, ils sont trop souvent invisibilisés ou freinés par l’éloignement géographique et le manque d’opportunités locales. En s’associant à l’UPF, il s’agissait de permettre à des étudiants polynésiens d’accéder à une formation de qualité, sans avoir à quitter leur territoire. Nous voulons leur donner les moyens de transformer leurs histoires, ancrées dans leur culture et leur quotidien, en fictions destinées à un large public. C’est aussi une façon pour la Cité et France Télévisions d’affirmer que le renouvellement des talents ne peut se penser que s’il inclut toutes les voix, y compris celles venues de l’Outre-mer.
Quelle place la formation des jeunes ultramarins occupe-t-elle dans la stratégie du Pôle Outre-mer de France Télévisions ? Pourquoi avoir ciblé le territoire polynésien pour ce programme en particulier ?
Hélène Saillon : l’écriture d’un scénario ne s’improvise pas et demande une véritable technique. Afin de faire émerger de futurs scénaristes ultra-marins, le Pôle Outre-Mer a donc toujours eu à cœur de participer à leur formation. Par le biais du programme ATOM du CEEA dans un premier temps, puis avec la Cité dans un deuxième temps.
Pour ce qui est du choix du territoire, à la différence de La Réunion ou des Antilles, nous avons identifié un véritable déficit de scénaristes issus de la Polynésie. L’une des raisons est l’éloignement géographique avec l’Hexagone et les coûts que représentent une formation en Métropole. Pour contourner ces obstacles, il fallait donc donner la possibilité aux jeunes Polynésiens de se former sur place, en s’appuyant sur une structure institutionnelle existante. Lorsqu’avec Pauline Rocafull et son équipe, nous avons présenté notre projet au Président de l’Université de l’UPF et aux enseignantes de lettres Marie Leyral et Audrey Gilles, nous avons reçu un accueil plus qu’enthousiaste. L’équipe pédagogique de l’UPF a par la suite fait un travail remarquable pour nous aider à mettre cette formation en place !
Pourquoi avoir choisi la Cité comme partenaire de ce projet pédagogique avec l’UPF?
Hélène Saillon : le choix de la Cité s’imposait compte-tenu de l’expérience unique qu’elle possède en matière de délocalisation de la formation et du partenariat existant, depuis sa création, avec France Télévisions. La Cité a fait preuve d’une réactivité et d’un professionnalisme incroyable et a su adapter sa pédagogie et sa méthodologie aux spécificités liées à une formation à distance. Nous sommes extrêmement reconnaissants à toute l’équipe de la Cité ainsi qu’à Jérôme Le Mest, le scénariste formateur, qui affrontera le décalage horaire pour faire cours à cette première promotion !
Pourquoi l’Université de la Polynésie française a-t-elle décidé de s’engager dans un programme de sensibilisation à l’écriture audiovisuelle ?
Audrey Gilles : la Polynésie française regorge de talents, de voix, de regards singuliers. De plus en plus d’étudiants revendiquent une pratique d’écriture créative, et c’est d’ailleurs un champ vers lequel notre Université commence à se tourner dans le cadre de son programme d’innovation pédagogique Narua1. Le Campus du Scénario nous est donc apparu comme une opportunité à saisir : il offre la chance de découvrir l’écriture scénaristique à des étudiants géographiquement éloignés des formations créatives et les invite à développer leur créativité tout en élargissant leurs perspectives professionnelles.
Comment le Campus du scénario s’insère-t-il dans le programme pédagogique existant? Comment s’adapte-t-il aux contraintes de décalage horaire ?
Audrey Gilles : Le Campus fait écho à des cours qui existent déjà dans certaines filières : ateliers d’écriture, histoire du cinéma et pratique filmique dans la licence Lettres et Arts, ou encore Creative Writing dans la licence LLCER Anglais. Il permettra notamment aux étudiants de L3 Lettres et Arts de valider leur stage professionnel obligatoire. Mais au-delà des filières littéraires, nous avions à cœur de proposer la formation à des étudiants de tous horizons : droit, sciences du vivant, éco-gestion, langues étrangères appliquées… C’est pour cela que cette formation s’intègre, pour tous les étudiants inscrits, dans un cursus à part qui lui donnera toute son importance.
Pauline Rocafull : Pour ce qui est des contraintes de décalage horaire puisqu’en effet, 11 heures séparent la Polynésie de l’Hexagone, nous avons conçu un dispositif sur mesure. Nous avons créé des modules e-learning permettant aux étudiants d’avancer en autonomie, complétés par des classes virtuelles courtes et dynamiques, animées par un scénariste professionnel. C’est une formation en trois volets complémentaires, que les étudiants réaliseront en groupe de six, afin qu’ils puissent s’épauler et écrire un projet de série ensemble.
Qu’espérez-vous de ces cinq mois de travail avec les étudiants ?
Audrey Gilles : A l’UPF, nous souhaitons que les étudiants puissent développer leur créativité à la fois de manière libre et professionnelle, qu’ils puissent prendre confiance en leurs capacités, en leurs idées, que la formation leur donne envie d’aller plus loin et de croire en eux, qu’ils prennent conscience qu’écrire peut être un véritable projet professionnel. Le travail en équipe nous paraît également extrêmement formateur pour nos étudiants et nous espérons qu’ils tireront bénéfice de cette façon de fonctionner pour leurs études et leurs projets, quels qu’ils soient.
Pauline Rocafull : Côté Cité, nous espérons avant tout que ces cinq mois leur donneront le goût de l’écriture scénaristique et la confiance nécessaire pour se projeter dans ce métier. L’objectif est qu’ils expérimentent la dynamique du travail collectif et qu’ils développent des compétences concrètes, de l’idée au pitch. Et, qui sait, peut-être qu’un projet de série trouvera le chemin des écrans. Ce serait formidable !
Nous remercions chaleureusement France Télévisions, le Pôle Outre-mer, l’Université de la Polynésie française et la chaîne Polynésie La 1ère, sans qui cette action n’aurait pas pu voir le jour.
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« Apprendre à écrire pour une fiction ou un film », Polynésie La 1ère : https://la1ere.franceinfo.fr/polynesie/tahiti/polynesie-francaise/apprendre-a-ecrire-pour-une-fiction-ou-un-film-un-scenario-inedit-a-l-upf-1621457.html
« Scénaristes en herbe, cap sur l’UPF », Tahiti Infos : https://www.tahiti-infos.com/Scenaristes-en-herbe-cap-sur-l-UPF_a232716.html







