En mettant l’accent sur la participation citoyenne
Même si ces récits inspirent à repenser et à aspirer à des idéaux utopiques, cela ne veut pas dire que le point de départ n’est pas une critique du système politique en place.
Mais leur conviction profonde est que la politique peut être un outil de changement positif – il faut juste la réinventer et créer une utopie participative citoyenne.
Généralement ces films et séries s’inspirent de notre réalité. Leur geste politique s’illustre donc par la représentation d’initiatives locales et solidaires pour parer aux manquements de politiques nationales lointaines et déconnectées.
On peut par exemple citer les films de Louis-Julien Petit comme Discount (2014) qui suit les employés d’un supermarché de type hard-discount qui décident de monter un magasin parallèle pour parer à l’arrivée de caisses en libre-service, ou Les Invisibles (2018) qui raconte comment des travailleuses sociales sortent du cadre pour réinsérer coûte que coûte les femmes SDF dont elles s’occupent.
Côté Etats-Unis, Parks & Recreation (2009-2015), la série de Michael Schur et Greg Daniels, s’évertue durant 7 saisons à montrer une politique locale positive, dynamique et bienveillante, (malgré des citoyen·nes peu concerné·es).
En explorant des modèles sociaux idéaux
Ces films-ci prennent le parti-pris de s’éloigner de notre réalité afin de proposer des modèles sociaux novateurs.
- Et si le pacte social était suffisant ?
Dans le film d’animation Zootopie (2016) écrit par Jared Bush et Phil Johnston, la notion d’utopie est littéralement appliquée : Zootopie est une ville cosmopolite où chaque espèce cohabite avec les autres ; qu’on soit un prédateur ou une proie, tout le monde est accepté à Zootopie à condition d’avoir signé un pacte de non-agression.
- Et si l’intelligence artificielle était la solution ?
Après avoir dépeint des sociétés où la technologie finissait par se rebeller contre les hommes comme dans Terminator (1984) écrit par James Cameron et Gale Anne Hurd, ou Blade Runner (1982) écrit par Hampton Fancher et David Webb Peoples, une nouvelle tendance au “techno-optimisme” se développe. Par exemple dans le film de 2013 de Spike Jonze, Her, le monde n’est pas très différent du nôtre, si ce n’est qu’il offre des conditions de vie supérieures à la population de la Terre grâce à l’intelligence artificielle.
- Et si l’utopie parfaite était celle sans humanité ?
Le pire arrivera, mais l’humanité sera capable de retrouver ses racines.
C’est la thèse explorée dans le film d’animation Wall-E (2008), écrit par Andrew Stanton, Jim Reardon et Pete Docter. Après avoir ruiné la planète, les hommes ont fui et ont laissé la Terre aux mains de nettoyeurs, dont le robot Wall-E. Mais malgré les montagnes de déchets, une plante se met à pousser. Finalement la vie n’a pas besoin des hommes pour exister – même s’ils ont rendu la Terre inhabitable, il suffit qu’ils partent loin pour qu’elle se régénère.
En promouvant la collaboration mondiale
Après les traumatismes des conflits mondiaux du XXème siècle, une manière qu’ont eu les scénaristes de réinventer la politique a été de rêver une entente, voire une gouvernance mondiale.
Cette collaboration mondiale utopique se décline en trois aspects :
- La diplomatie préventive
L’exemple phare est évidemment celui de Star Trek. La Fédération des Planètes Unies représente une collaboration interplanétaire où différentes espèces travaillent ensemble pour explorer l’univers et promouvoir la paix.
- Le partage des ressources
Si le postulat de départ est bien loin d’être une utopie, c’est pourtant le thème central et la résolution du film Elysium (2013) écrit par Neill Blomkamp : l’égalité matérielle est une nécessité qu’il faut soutenir et atteindre à tout prix. On retrouve également Star Trek, où les ressources abondent et sont utilisées pour le bien commun plutôt que pour avoir du pouvoir sur ses voisins.
- Le partage des talents
La solidarité et la collaboration entre les plus gros cerveaux de la planète en cas de crise majeure font également partie des projections utopiques courantes.
Il y a par exemple cet aspect dans À la poursuite de demain, écrit par Brad Bird, Damon Lindelof et Jeff Jensen 2015). Le film montre des esprits brillants du monde entier collaborer pour résoudre les problèmes mondiaux et créer une utopie technologique.
On le retrouve également dans Premier Contact (2016) écrit par Eric Heisserer et adapté de la nouvelle de Ted Chiang L’Histoire de ta vie (1998), quand des scientifiques doivent collaborer pour prendre contact avec 12 mystérieux vaisseaux spatiaux qui stationnent sur Terre.