Obama dans les cartoons : un président libéral vu avec indulgence (2009-2017)


Les Simpsons n’ont jamais caché leur soutien au candidat Obama.

Dans le quatrième épisode de la saison 20, diffusé le 2 novembre 2008, Homer tente de voter pour le candidat démocrate mais à chaque fois la voix est enregistrée pour John McCain, le candidat républicain, critiquant ainsi les problèmes liés au vote électronique lors de la campagne de 2008.

Durant les deux mandats d’Obama, Les Simpsons auront tendance à aborder sa présidence avec un ton peu critique, se concentrant davantage sur les réactions culturelles à sa présidence plutôt que sur des politiques spécifiques.

Par exemple, on retrouve Homer allant voter pour les élections de 2012. Sauf que cette fois, Homer ne vote pas pour Obama (il a déjà une femme lui disant de manger sainement, pas besoin d’un président pour lui dire la même chose). Persuadé que l’Obamacare est une invention de Mitt Romney, il vote donc pour lui. Ce n’est donc pas la politique d’Obama qui est critiquée, bien au contraire.

Créée ou co-créée par le très libéral Seth MacFarlane, soutien démocrate public, Les Griffin et American Dad affichent également clairement leur soutien à Barack Obama.

Dès la campagne présidentielle de 2008, la série Les Griffin soutient la candidature d’Obama à travers Brian Griffin pour un clip promotionnel.

Par la suite, les apparitions de Barack Obama dans ces deux séries seront en soutien au président, aussi bien à sa politique qu’à sa personnalité et son physique :

  • Dans l’épisode “An Incident at Owl Creek” de American Dad! (saison 6, épisode 17), diffusé le 9 mai 2010, Barack est représenté avec un corps de rêve. Slip de bain aux couleurs du drapeau, physique de bodybuilder : Obama comme parangon de la masculinité américaine triomphante.

  • Dans l’épisode “New Kidney in Town” des Griffin (saison 9, épisode 8), diffusé le 9 janvier 2011, le président est représenté tel Elvis Presley, déchaînant les foules :

  • Dans “Finger Lenting Good” d’American Dad (saison 8, épisode 8), diffusé le 6 janvier 2013, Jeff tente de piéger Stan pour qu’il se fasse couper le doigt en le faisant revenir sur sa déclaration, à savoir que Barack Obama a une politique de santé extraordinaire.

Une transition facilitée par l’attitude plus “lisse” de Barack Obama, mais également par un réajustement de la ligne éditoriale d’American Dad, comme l’explique le co-créateur Mike Barker à Variety en septembre 2010 :

“Stan [le personnage principal de American Dad], six ans plus tard, est toujours aussi furieux et imbu de sa personne, et clairement républicain. Mais nous sommes devenus moins spécifiques sur le plan politique et sur le plan des références. Nous nous sommes rendu compte que les histoires qui faisaient le plus rire n’étaient pas politiques.”1

Jouer sur les deux tableaux

South Park est moins tendre que les autres séries envers la présidence d’Obama, même si on l’a connue plus trash envers Bill Clinton ou George W. Bush.

Diffusé, un jour seulement après l’élection d’Obama, “À propos d’hier soir…” (saison 12, épisode 12) met en scène la victoire du président. Dans une satire de la politique partisane américaine, une hystérie de masse s’ensuit alors que les libéraux célèbrent sa victoire dans les rues, causant de véritables émeutes d’ivrognes tandis que les conservateurs se préparent pour l’apocalypse.

Le premier mandat de Barack Obama a été marqué par la récession économique suite à la crise majeure de 2008, et South Park s’y attaque dans “Margaritaville” (saison 13, épisode 3), diffusé le 25 mars 2009.

Randy débarque à Margaritaville avec une solution pour arranger la crise financière qui touche tout le monde. La ville le suit, et tout le monde commence à vivre une vie qui ne dépend plus d’aucune économie. Finalement, la presse remercie le sauveur, ce que Kyle apprécie — sauf que la presse remercie Barack Obama, ce qui met Kyle hors de lui. Cette pique fait référence aux éloges surréalistes faits par les médias et le grand public autour de sa campagne en 2008.

Ken Tucker, d’Entertainment Weekly, dit de l’épisode :

« L’épisode était le soutien le plus indirect que l’on puisse imaginer au plan de sauvetage économique du président Obama. Ou le démantèlement le plus féroce de ce plan. Comme d’habitude, South Park a joué sur les deux tableaux ».2

South Park se moque également de la paranoïa réelle qui entoure les scrutins dans les swing states (les états dits indécis lors des élections américaines) dans “Obama a gagné” (saison 16, épisode 14), diffusé le 7 novembre 2012, le lendemain de sa réélection.

Dans cet épisode, Cartman se rend dans chaque swing states et vole des urnes pleines de bulletins dans des bureaux de vote afin de manipuler les résultats.

Le deuxième mandat du président démocrate a était marqué par diverses polémiques, notamment concernant les questions de surveillance et de vie privée.

Dans “Tête de Noeud”, le premier épisode de la saison 17, diffusé le 25 septembre 2013, Cartman informe les autres élèves de l’école que le gouvernement les surveille et espionne leurs conversations téléphoniques et leurs accès Internet. Cartman décide d’infiltrer la National Security Agency (NSA) et de révéler ses secrets au public.

Cet épisode fait directement référence aux révélations d’Edward Snowden datant de juin 2013, révélant que la NSA est à la tête d’un système de collecte massive d’informations sur les citoyens américains et étrangers.

Cartman infiltré à la NSA
Cartman infiltré à la NSA

Finalement, contrairement aux traitements reçus par Bill Clinton et George W. Bush, Barack Obama est épargné par ces cartoons politiques ; quasiment aucune blague faite à ses dépens, peu de critiques sur sa politique, et globalement des vignettes qui le mettent plutôt en valeur.

L’exercice de la satire sous ses mandats montre qu’elle est un espace d’expression privilégié pour les libéraux et une façon de prendre position politiquement. Un moindre péril pour l’équilibre politique américain, mais moins de mordant pour la comédie.


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Scénariste et autrice, Pauline Mauroux est responsable éditoriale de la Revue de la Cité. Elle est également la créatrice de « tchik tchak, la newsletter sur l’écriture ».


  1. https://variety.com/2010/digital/markets-festivals/american-dad-not-as-political-anymore-1118024751/ ↩︎
  2. (Tucker, Ken (2009-03-25). «  »South Park » solves the economic crisis »Entertainment Weekly. Retrieved 2015-07-10.) ↩︎

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